samedi 14 novembre 2015

"Je suis" (choqué, en colère, triste, exaspéré...)

Après le 11 janvier, que n'avait-on dit...

Et tout recommence. En pire.

Et les "je suis" recyclés, et donc bientôt forcément détournés. Car dans notre monde, plus rien n'a d'importance. Tout doit pouvoir être raillé, pour montrer "qu'on" vaut mieux que les autres.

Je suis en colère. Pas besoin d'injonction à l'émotion pour çà.

Va t-on recommencer à encore entendre le même catéchisme creux sur le "vivrensemble", synonyme d'applatissement moral ?

Va t-on recommencer l'autoflagellation officielle, sur laquelle prospèrent tous les ennemis, de tous les bords ?

Va t-on recommencer à instrumentaliser la souffrance et l'émotion, alors qu'on n'a strictement aucune intention de remettre tout à plat (parce qu'on en est juste totalement incapable) ?

Va t-on recommencer avec ces conneries façon café du commerce, des histoires de couleur de rétroviseur, d'analyses foireuses pour détourner encore et toujours l'attention, pour faire son malin en disant "je sais qui est derrière tout çà", pour absoudre les vrais criminels, minimiser leur carnage, et pour prétendre "tenir des coupables" qui n'en sont pas et que ça crève les yeux, pour servir les desseins de gourous dont le charisme manifeste suffit à faire oublier les discours confus et l'égo immense ?

Va t-on recommencer à dire que les islamistes sont toujours des gros couillons tout juste bons à être manipulés par une puissance insidieuse complotant en silence ?

Va t-on recommencer à entendre que les "vrais" coupables sont les gens attachés à la laïcité (pas ouverte, fermée ou autre, la laïcité tout court), la République, et que les tueurs ont des excuses, parce
que les valeurs issues de 1789 ou de 1905 sont racistes, islamophobes, colonialistes et je ne sais quoi ?

Va t-on recommencer à entendre les mêmes conneries, venant d'un bord officiel mou ou de l'autre ?

Va t-on recommencer à entendre les mêmes autres conneries, venant d'un extrême ou de l'autre ?

L'Occident post-moderne oublie son histoire (ne retenant éventuellement que les épisodes honteux pour dire qu'il faut tout jeter).

Ses uniques valeurs sont "moi, ma gueule et moi", et ne voit plus sa "liberté" que comme celle de baiser comme il l'entend ou d'acheter des conneries sans importance.

Ses réformes vont dans l'effacement de son passé, de sa structure bâtie des siècles durant (oui, c'est vrai, aussi sur du sang et de la merde)

Ses réformes vont dans la ringardisation des simples règles de discussion convenable, jadis de sens commun, aujourd'hui foulées au pied ou objet de "négociation".

Son avenir uniquement envisagé comme PIB, point de croissance et logique comptable à la petite semaine.

Le trempage de bite/l'écartement de cuisses comme unique horizon de liberté.

L'oubli de toutes les racines historiques. Les bonnes comme les mauvaises.

Le triomphe du libéral-libertarisme. L'extinction des moindres valeurs transcendantes.

Et les conséquences :

L'autre n'est plus un de mes possibles semblables. Il est considéré sous l'angle de l'intérêt matériel ou pour mes envies sexuelles.

L'insulte vomie en public planqué derrière son écran comme mode d'expression normale.

La fin du choc des images et des discours pour une jeunesse gavée d'images et qui fait de moins en moins la différence entre l'acceptable et l'inacceptable.

Le bruit de pseudo-"dissidents" qui soufflent sur les braises du malaise (car l'occidental a besoin d'autre chose que cet unique horizon de merde atone... quitte à accepter
une merde encore plus puante)

On croyait qu'on ne ferait plus de guerre entre pays, on arrive à des guerres larvées à l'intérieur de nos pays, qui parfois explosent. Comme maintenant.

Car l'histoire n'est pas morte. Parmi nous, il y en a qui y sont encore. Qui n'oublient pas certaines de leurs racines ; certes, ils ne gardent que les plus toxiques.

Et qui s'attaquent au présent où qu'il soit, et même aux restes gênants de leur antiquité.

Et qui parce qu'ils assument leur violence brutale au nom d'un sens historique (quelqu'il soit), séduisent de plus en plus de jeunes à qui notre monde ne peut apporter aucun enchantement.

Et face à çà, les occidentaux post-modernes qui ne pensent plus qu'à consommer et au cul sont désarmés.

Le monde ancien s'est rappellé brutalement à nous tous, alors que notre société du zapping avait déjà presque oublié les attentats de janvier.

Et face à ça, les racistes de tous bords (anti-musulmans, anti-juifs, anti-français, anti-blancs, anti-pas blancs, anti-laïcs...) vont se déchaîner. Même s'ils n'ont aucune solution que des brailleries bonnes pour la société du spectacle internet. Ils auront de l'audience et  des partages car ils maîtrisent le spectacle, bien mieux désormais que la bien-pensance officielle.

A noter au fait : aucune agression physique contre des musulmans n'a eu lieu après les attentats de janvier.

Et c'est au moins rassurant sur le reste de civilisation qui reste encore dans le coeur des gens.

Et c'est très bien ainsi car ça prouve que les gens savent (encore pour le moment) qu'il ne faut pas tout mélanger, sans avoir besoin de navrants "padamalgam".

Malheureusement, cela pourra t-il durer ?

Pourra t-on éviter la guerre civile éternellement ?

Pourra t-on enfin recoller les morceaux ?

"Je suis" pessimiste.