Natacha Atlas - Diaspora
Nation Records / Beggars Banquet, 1995Iskanderia Leysh nat'arak Diaspora Yalla chant Alhambra pt. 1 Duden Feres Fun does not exist Dub yalil Iskanderia (Atlas zamalek) Diaspora (Ballon theatre mix) Fun does not exist (Dolmus mix) |
Au début des années 90, un groupe anglais nommé Transglobal Underground se faisait entendre dans les charts anglais avec sa musique électronique, mâtinée de dub et hip-hop fusionnée avec des musiques africaines, asiatiques, moyen-orientales, polynésiennes... Au sein de ce collectif qui apparaissait caché derrière des masques tribaux, une chanteuse/danseuse égypto-anglo-bruxelloise Natacha Atlas qui en devint l'égérie. Et peu de temps après (il y a donc 20 ans), naissait donc ce premier album solo, où celle-ci apparaît telle une Cléopâtre de l'âge d'or hollywoodien dans un décor de carton pâte. Album solo certes, mais en coopération étroite avec les membres de TGU, musiciens et co-auteurs de la plupart des morceaux. Cet album est donc en partie un prolongement de TGU, et il est clair que "Diaspora", "Duden" ou "Fun does not exist" auraient eu toute leur place sur un "Psychic karaoke" ou un "Dream of 100 nations". Ce qui n'est pas une critique.
Cet album chanté quasi-uniquement en arabe est donc un mélange là encore assez réussi et souvent entraînant de musique électronique et de musique moyen-orientale. Avec déjà des classiques de son répertoire, qui sonnent comme des évidences : le très dansant "Yalla chant" et "Leysh nat'arak" (appel à l'écoute mutuelle entre juifs et arabes).
L'album s'avère très varié, une certaine homogénéité n'empêche pas quelques surprises. La plus inattendue étant "Feres", qui sonne comme une chanson traditionnelle arabe, jouée avec un orchestre complet (cordes, oud, tablas, accordéon, piano) et qui s'intègre très bien dans cet ensemble. Quant au reste des morceaux, on notera le lent dub "Diaspora", le très efficace "Dub yalil" (gros son de basse, quelques notes d'accordéon et chant en gloire à un Très-Haut), "Duden" (où Natacha se fait plus discrète), ses choeurs synthétiques légèrement distordus, son beat hip-hop et son piano-house (un peu en arrière dans le mix... ça a pris un petit coup de vieux mais c'est pas grave). Sur "Fun does not exist", la chanteuse s'efface également presque devant l'ensemble de percussions tribales, flûte, notes continues et mélodies d'accordéons, n'intervenant qu'en milieu et en fin.
Mais sur ce titre, comme sur le reste de l'album, la voix est limpide, claire, nuancée, ne va jamais dans le volume inutile et ne donne jamais l'impression de forcer.
Un album bien troussé et efficace, qui se laisse toujours bien écouter.
Titres préférés : "Iskanderia", "Leysh nat'arak", "Yalla chant" (*), "Dub yalil"
(*) dans la playlist ci-dessous, en version remixée avec la participation de MC Kinky, qui chante en patois jamaicain !